Photo Elizabeth Carecchio
Retour au pays natal pour Gregor, écrivain, et retrouvailles avec son frère, ouvrier, et sa sœur, vendeuse, restés au village. Rien n’est plus pareil, même la nature a changé, transformée par la vie moderne, investie par les baraques de chantier… Cette histoire de famille est l’occasion, sous la plume de Peter Handke, de dresser un lucide état des lieux sur l’humanité qui passe en revue les problématiques essentielles : la famille, la transmission, le monde rural, l’écologie, l’urbanisation, les fractures sociales,… Il est porté par une écriture qui lui donne un souffle épique, tant la forme même de ce texte exigeant, un long poème dramatique, est partie fondamentale de la pièce de l’Autrichien, écrite en 1981. «On est intelligent en face de la nature ». A méditer. Dans la Cour d’honneur du Palais des Papes, le pari était audacieux de faire entendre ce fleuve d’écriture. Stanislas Nordey l’a fait résonner de tout son souffle. Une partie rude pour les interprètes qui, dans un jeu déclamé et une adresse directe au public, profèrent de longs monologues en forme de professions de foi. A cet exercice, Stanislas Nordey, Annie Mercier, toujours imposante, Raoul Fernandez, Richard Sammut, Laurent Sauvage, Véronique Nordey, Emmanuelle Béart, une force sereine, et leurs partenaires affichent une conviction magnifique, une présence impériale. La harangue finale, invitation à « passer par les villages » est un défi pour toute actrice. Il était relevé splendidement à Avignon par Jeanne Balibar dans le rôle de Nova. Il est repris au Théâtre de la Colline par Claire Ingrid Cottanceau.
Par les villages * * *
Théâtre de la Colline, 15 rue Malte Brun, Paris 20e. Tél. 01 44 62 52 52. www.colline.fr Jusqu’au 30 novembre.
